CYCLE HERMAN MELVILLE    

 

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LA QUINZAINE LITTÉRAIRE
Moby Dick en scène / Entretien avec Chantal Melior et François Louis / Propos recueillis par Jean-Pierre Ferrini
Pourquoi Melville, cette « folie Melville » qui s’est emparée du Théâtre du Voyageur ?
François Louis : C’est assez simple. Comme je lis beaucoup Gilles Deleuze, j’ai constaté que Melville était un de ses écrivains de prédilection et j’ai voulu savoir pourquoi. Au départ, j’ai commencé par lire Benito Cereno puis Bartleby avec la postface de Deleuze (« Bartleby, ou la Formule »). Les thèmes m’ont immédiatement intéressé, parce que j’étais déjà intéressé par ceux de Deleuze. Enfin, je suis tombé non plus sur Deleuze-Meville, mais sur Melville tout court. Il y a les thématiques, voire même les concepts, ou disons les problématiques. Il y le style, un style limpide, intense et en même temps complexe, qui aurait des similitudes avec un auteur comme Shakespeare. Des passages du récit, rarement descriptifs comme dans la littérature française du XIXe siècle, peuvent se transformer littéralement en monologue pour un acteur.
NQL : Dans sa postface à Bartleby, Deleuze, qui partageraient avec Melville une même passion de la classification, distingue trois grands types de personnages, les « monomaniaques » comme le capitaine Achab, les « hypocondres » comme Bartleby et les « prophètes », comme Ismaël. Concernant les deux premiers types, il souligne que la caractéristique du monomaniaque est de choisir, de choisir une baleine, en l’occurrence Moby Dick, trahissant la loi des baleiniers qui consiste à chasser les baleines sans les choisir. Ces monomaniaques dressent une préférence monstrueuse, écrit Deleuze, à l’inverse des hypocondres qui préfèrent… pas de volonté du tout, un néant de volonté plutôt qu’une volonté de néant…
Chantal Melior : Achab et Bartleby sont aux deux extrémités de l’originalité. Il s’agit de deux personnages que Deleuze appelle encore des Traitres, les opposant aux Tricheurs. Le Traitre est celui qui ne se soumet pas aux lois et qui n’est pas là où on l’attend, qui met en danger la société ou les autres. Achab met en danger son équipage en choisissant de ne chasser qu’une seule baleine. Bartleby déstabilise des êtres très stables. Qu’est-ce qu’il y a de plus stables que des avoués dans un cabinet d’avoués ?
FL : Si Bartleby «préférerait ne pas », les autres, eux, ne préfèrent rien du tout. Le relativisme est complet. Melville crée un personnage qui n’est pas dans l’actualité de son temps. Il oppose les particuliers aux originaux. L’original est celui qui vient d’une origine qu’on a oubliée, qui n’existe plus. Mais si Bartleby ne choisit pas, il choisit en fait beaucoup plus que quelqu’un pris dans les rouages du monde du travail.
NQL : Donc, après Bartleby, est venu Moby Dick… Comment vous y êtes vous pris pour adapter le texte, puis pour le mettre en scène ?
CM : Quand j’ai abordé au départ Moby Dick, j’ai un peu reculé face à l’immensité de cette œuvre. Et puis, progressivement, je me suis laissée embarquer… Avec le Théâtre du Voyageur, si on a monté des Shakespeare, on a monté des textes qui n’étaient pas forcément destinés au théâtre. Dans Moby Dick, avec ce livre-baleine, il y a une dimension encyclopédique, scientifique ou philosophique et je me suis dis qu’il y a avait quelque chose à trouver dans cette superposition, des formes théâtrales qui mettent en scène les personnages. Les animaux aussi ! Il y a un rapport immanent, non hiérarchique entre toutes les espèces. Les personnages, me semble-t-il, ont un rapport avec l’extérieur. Deleuze les définit comme des « blocs de sensation », toujours modifiés à mesure qu’ils se font. On les suit, traverse, découvre avec eux le monde. Ils ne parlent pas d’eux. Ils parlent du monde.
FL : C’est le monde qui se peint sur eux et non pas eux qui se peignent sur le monde. On pourrait expliquer cette différence par celle entre l’œil et l’oreille. Par son regard, l’homme fait que le monde existe. Pour Melville, le monde est plus à entendre. D’ailleurs, Ismaël, le personnage-narrateur, signifie celui qui entend, « celui qui entend la voix de Dieu ».
CM : Avec Melville, l’acteur doit aller à l’encontre de certaines habitudes. Il y a un côté impersonnelle…
NQL : Vous avez choisi pour adapter Melville la traduction de Giono, ou plus exactement celle de Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono. Pourquoi cette traduction, qui date de 1941, et pas celle d’Armel Guerne (1954) ou encore celle plus récente de Philippe Jaworski dans la Pléiade (2006) ?
CM : J’ai commencé par lire Melville dans cette traduction dont la fluidité se prête assez bien au théâtre, bien qu’il nous ait arrivé inévitablement d’être obligés de corriger, d’adapter le texte, notamment avec Carol Lipkind, la pianiste qui a créé la musique du spectacle et qui est d’origine américaine. Ce que j’ai le plus apprécié dans cette traduction est sa désinvolture, sa distance, son humour aussi et son absence d’affectation qui va bien avec ces personnages qui font peu cas d’eux-mêmes comme nous le disions. Je crois que l’humour et l’amour chez Melville, dans le regard qu’il porte sur le monde extérieur, y compris dans les passages scientifiques de cétologie, sont deux termes indissociables.
NQL : Moby Dick conserve tout de même une connotation « romantique ». Dans ce roman, ce grand roman américain, il y a même une métaphysique dans la bataille que livre le capitaine Achab contre la Baleine Blanche. La référence à la Bible, au Léviathan, au livre de Jonas est constante. Pourtant, le titre des quatre parties, à l’exception peut-être de la dernière (résolument deleuzienne), ne paraît pas traduire cette dimension : « Assez pleurniché », « Baleine à plume », « Pippin tombe à l’eau » et « Lignes de fuite ».
CM : Il y a en effet une légèreté dans les titres, mais il est vrai que nous appréhendons peut-être trop Moby Dick comme un sombre drame. Chez Melville, il y a une balance entre ces deux pôles que sont la tristesse et la joie. Pour le titre de la première partie, « Assez pleurniché », il traduit le premier monologue quand Ismaël dit qu’il vaut mieux partir, « prendre le large », plutôt que de se morfondre, macérer dans des passions tristes.
NQL : On entend une décision de rompre avec le monde, un besoin de changer sa vie qui ne le satisfait plus, de larguer les amarres…
CM : Je n’élude pas le fait que Moby Dick soit une tragédie, plus une tragédie qu’un drame. « Assez pleurniché », c’est une façon de dire la tragédie, c’est-à-dire la résistance, parce que dans la tragédie, on raconte la résistance des personnages face à l’adversité du destin. Concernant le second titre, « Baleine à plume », il établit une analogie entre le livre et la baleine. Le livre, c’est la baleine. Melville parle de littérature et de cétologie. À travers la cétologie, il a trouvé un sujet littéraire. Quant à la troisième partie, le titre met l’accent sur le personnage de Pippin, de Pip, le jeune mousse qui tombe à l’eau et qui en perd la raison. Il annonce la fin tragique, introduit le rapport avec l’Océan, avec la mort, avec la folie, ce qui est rationnel ou pas, les discours rationnels sur les baleines et à l’inverse des sensations qui sont, elles, plus mystérieuses. Il est un personnage qui est allé au-delà de la limite du supportable et qui en revient avec une clairvoyance, une seconde vue. Comme le fou dans Le Roi Lear, il ne dit que des choses extrêmement sensées. Il sait avant tout le monde ce qui va se passer.
NQL : Il y a dans votre travail une volonté d’en rester au texte, d’adapter le texte, de faire corps avec lui, de le faire entendre assez fidèlement, alors que la tendance aujourd’hui dans le théâtre est de jouer de plus en plus avec les images filmées, les effets spéciaux, de faire voir le spectacle.
FL : On retrouve la différence entre l’œil et l’oreille. Nous faisons un autre métier que celui de plasticien ou de scénographe.
CM : Parce qu’on n’a pas assez de sous ! Plus sérieusement, il y a une commercialisation des choix artistiques qui sont soi-disant des audaces, mais qui sont tellement recopiés qu’on ne parvient plus à savoir où est l’audace.
FL : Le théâtre est un plan fixe à l’infini. Ça ne bouge pas comme au cinéma. C’est le texte qui donne le mouvement et qui fait qu’on peut se déplacer avec un plan fixe autour de soi.

LES TROIS COUPS /Tout est bon dans le harpon
À la tête d’un équipage expérimenté, Chantal Melior adapte « Moby Dick » au Théâtre du Voyageur, à Asnières. Elle dégraisse le mastodonte marin pour en faire un monstre sacré. Porter Moby Dick à la scène, c’est comme introduire une baleine dans un aquarium. Pour tenter l’entreprise, il faut être un peu cinglé et Chantal Melior l’est tout à fait. Depuis une décennie, elle pilote une compagnie indépendante dans l’improbable décor d’un hangar S.N.C.F. reconverti en salle de spectacle sur un quai de banlieue. Ses spectacles créent la poésie entre deux express interurbains : en lui-même, le lieu vaut le détour. Inutile de préciser que la traversée n’a pas toujours été sans tempête. Il est donc tout naturel que le Capitaine Fracasse du 92 se sente des affinités avec le Capitaine Achab. Même cœur au ventre, même rage contre les prédateurs qui vous bouffent la jambe. Depuis qu’il a perdu la moitié d’un membre inférieur dans la gueule d’un ogre des abysses, Achab n’a qu’une idée en tête : retrouver Moby Dick, le cétacé qui a fait le coup, et le harponner à mort. Autant qu’une histoire de marins, c’est un récit de vengeance. Le roman est long, touffu, indigeste ; il décourage depuis 150 ans les élèves anglicistes et les adultes de bonne volonté. Le Théâtre du Voyageur a pris le parti rare de tout garder et de découper la bestiole en quatre morceaux, soit quatre spectacles successifs au cours de l’année 2017. Chacun peut être vu indépendamment des autres. Le rythme sera celui d’une traversée transocéanique, lent donc, mais pas monotone pour autant.
Une saisissante série de tableaux vivants. Sous les lumières magnifiquement réglées par Michel Chauvot, onze comédiens composent des instantanés de la vie en mer, évoquant tantôt Géricault tantôt Jacques Tardi et Didier Daeninckx. Le tangage permanent entre l’esthétique de la B.D. et celle de la haute école picturale française n’a d’égal que le roulis d’une voix à l’autre, d’une dégaine à la suivante : on est emporté par la déferlante de ces onze trognes de loups de mer, plus vraies que nature. Impossible de tous les nommer. Pourtant le talent est constant et le travail, méticuleux et précis. François Louis, d’abord, est un Achab terrifiant, doté d’une autorité scénique impeccable. Matthieu Mottet est un Ishmaël délicieusement dans la lune et un bras cassé de première catégorie. Enluminé de tattoos maoris, Mathieu Tanguy campe un Queequeg à croquer. La conférence-performance d’Ariane Lagneau, encyclopédiste mi-savante, mi-loufoque, nous rend incollables sur le règne cétacé. Thibault Duval, plus Haddock que d’Alembert, braille une jolie contre-conférence sur la conjugaison du verbe « rire » à tous les temps de tous les modes. Nabila Attmane, cantatrice polyvalente, compose un cuistot trouillard tout à fait drôle. Et le visage de la pianiste Carol Lipkind, buriné et taillé à la serpe par la magie du maquillage, parvient à incarner toute la rudesse d’une vie de route. Pendant près de deux heures, le vaisseau des mots vogue, parfois rattrapé par le tonnerre d’un train ne marquant pas l’arrêt en gare d’Asnières : étonnante installation mobile, flottant entre deux univers, le vrai et le fantastique, le prosaïque et le métaphorique, le ferroviaire et l’ultramarin. Oh, l’incroyable voyage ! Elisabeth Hennebert
RADIO FREQUENCE PROTESTANTE / Malou Bernasconi (Cocorico, le Grand Escroc, Moby Dick)


 

LE MISANTHROPE

 


 

 

LES TROIS COUPS / Misanthrope de troupe !
Pour fêter la réouverture de son Théâtre du Voyageur, Chantal Melior monte un « Misanthrope » caustique et très resserré, égratignant avec enthousiasme les bouffonneries du jeu social.
Joie ! Le Théâtre du Voyageur retrouve enfin ses merveilleux quartiers, à peu près à la même adresse. Notez bien : quai D de la gare d’Asnières. Il lui aura fallu composer avec de longs déboires, d’infinies colères et autant de tergiversations contre le tatillonnage kafkaïen des administratifs, qui ne sont pas des marrants, pour finalement avoir gain de cause. L’affaire est résolue par un partage : le Théâtre du Voyageur rentre en possession du bâtiment amputé en partie, mais en parfait état de marche. Il faut dire que Chantal Melior, sa patronne, ne s’est jamais dégonflée, malgré quatre ans de bataille ubuesque pour récupérer son coin de quai, qu’elle partage donc désormais avec des guichets de la S.N.C.F. Elle a choisi de monter, pour fêter la réouverture de son antre magique, le Misanthrope. Oui, cet atrabilaire ennemi du genre humain, pourfendeur des hypocrisies, des bouffonneries des puissants. Suivez son regard.
Dans ce théâtre flambant neuf qui sent encore le Ripolin, Chantal Melior a réuni sa meilleure troupe, si bien remontée qu’elle nous emporte dans sa course. Tout se passe très vite, dans les coulisses d’un théâtre, comme au revers d’un salon, de l’autre côté du miroir. Merveilleuse idée et joli pied de nez à tous les entarteurs… à commencer par les gens de théâtre, auxquels il est rendu un hommage moqueur. Bref, Célimène (Aurore Erguy) sort de scène et se retrouve dans les loges, où se poursuit le spectacle. Partout, dans le monde et dans l’intimité : le jeu social. L’un des rares éléments de décor consiste en une coiffeuse sans glace. Qui s’y mire voit en réalité pour seul reflet qui lui fait face autrui comme miroir (déformant) de soi. Alceste, enamouré, visite la coquette. À ses côtés, qu’il ne parvient pas à quitter, il observe le défilé des intrigants, dont il hait l’obséquiosité. Qui mieux dans ce rôle que celui qui fut déjà dans ce Théâtre du Voyageur l’incarnation désopilante d’Ignatius Reilly, un atrabilaire du même tonneau, tout droit sorti de la Conjuration des imbéciles, prêt à en découdre avec le genre humain ?
Chantal Melior tire des fils invisibles entre les œuvres. C’est donc François Louis, qui reprend le souffle d’Ignatius Reilly, dont il gonfle les alexandrins de Molière. Autant dire que sa franchise et sa sincérité sonnent et résonnent. À ses côtés, Mathieu Mottet joue Philinte, l’ami espiègle et le modérateur de ses emportements, dont la pondération passe pour une compromission aux yeux d’Alceste. Spectateurs solitaires de ce théâtre dans le théâtre, ils forment un doublon grave et comique, sorte de Laurel et Hardy chez les marquis, en plus méchants. Leur mordant apporte, par contraste, de l’épaisseur aux grappes de courtisans. Parmi les électrons libres de cette comédie, il reste aussi Éliante, interprétée avec une grâce romantique par Ariane Lacquement. C’est elle qui envoie le merveilleux trait relevant combien « dans l’objet aimé, tout devient aimable » et « qu’un amant, dont l’ardeur est extrême, aime jusqu’aux défauts des personnes qu’il aime ».
Dans ce théâtre mis en abyme où les reflets inversés donnent au jeu social son insondable profondeur, chacun, metteur en scène de soi même, se démène avec ses doubles. À l’heure des réseaux sociaux, où la publicité de soi vaut pour tout sentiment d’existence, ce Misanthrope monté avec vigueur fait mouche. Chantal Melior décoche en forme d’exergue au spectacle un aphorisme caustique du peintre de caractère Nicolas Chamfort : « Tout homme qui, à quarante ans, n’est pas misanthrope n’a jamais aimé les hommes ». Le même moraliste montrait également dans un Éloge de Molière combien « le théâtre et la société ont une liaison intime et nécessaire ». Pas une vaine parole pour cette troupe du Théâtre du Voyageur, qui en retrouvant un lieu retrouve aussi son souffle. Ensemble, ils préparent d’ailleurs cette saison une grande traversée avec Melville, préférant, comme Bartleby, « ne pas être un peu raisonnable ». Qu’ils soient loués pour cette fortifiante déraison.
Cédric Enjalbert
Avant-première à Blanche de Castille
/ Dans sa mise en scène du Misanthrope, Chantal Melior, dans le sillage de Rousseau, prend le contrepied de cette interprétation. Elle choisit de rendre à Alceste son humanité et se demande s’il est vraiment de tous ces beaux esprits le plus misanthrope…/… Car Alceste veut croire en la justice, une justice qui s’exercerait sans qu’on ait à soudoyer les juges ; il veut croire en l’amitié, une amitié non prostituée aux plus puissants ; il veut croire en l’amour, un amour capable de surmonter une trahison. Et finalement n’est-ce pas parce qu’il y a Alceste que la justice, l’amitié et l’amour ont une chance d’exister. C’est cette facette du misanthrope que Chantal Melior a voulu mettre en lumière avec un Alceste incarné par un talentueux comédien (François Louis), le dos d’abord obstinément tourné au monde, puis prostré sur une chaise haute à l’écart du groupe et qui, peu à peu, investit l’espace pour s’ouvrir enfin au cours d’une scène d’une rare intensité, une fois que Célimène (Aurore Erguy) a été démasquée. Incapable de composer, il reste cet idéaliste qui en quittant la scène laisse résonner dans l’air le mot liberté. Marie Haehling von Lanzenauer


 

IGNATIUS


 
PHILOSOPHIE MAGAZINE
Le privilège de la folie, à la Cartoucherie de Vincennes
John Kennedy Toole, Nietzsche, Dostoïevski, Lucrèce… Sous ce panthéon des affranchis et des fous, Chantal Melior remet sur le métier, au Théâtre du Soleil, la mise en scène d'un ébouriffant spectacle : “Ignatius, des idiots et des fous”, joué en alternance avec “Les Nomades, western philosophique”.
« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui » écrit Jonathan Swift. L'auteur maudit John Kennedy Toole, auteur de la Conjuration des imbéciles, suicidé en 1969 assuré d'être un écrivain raté – tandis qu'il obtient le prix Pulitzer à titre posthume – s'en souvient. Avec une autodérision ravageuse, il en fait l'exergue à son livre, devenu un classique de la littérature américaine. Et Chantal Melior – capitaine à la barre du Théâtre du Voyageur – le ton de son spectacle. Elle embarque sur son radeau de fortune une
lignée d'idiots et de fous, marginaux géniaux. Cette nef fraie son chemin dès la scène d'exposition, rejetant sur les planches quelques beaux spécimens. Parmi eux, le maître d'œuvre de cette assemblée, Ignatius Reilly le conjurateur imaginé par Toole. Mais Quichotte, l'ami frondeur, et le jeune Idiot de Dostoïevski sont aussi de la partie. Partie folle et fine. Folle : le thème du spectacle, en forme de variations avec collaboration des plus grands, à la recherche du paradis perdu, celui des gens heureux. Folle aussi parce qu’il faut un peu d’inconscience, de l’audace et de la déraison en suffisantes proportions pour s’attaquer à Nietzsche, Dostoïevski, Toole et consorts, tout à la fois. Mais Chantal Melior en sportive pratique le petit vélo, le grand saut, gravit les montagnes, plonge en profondeur. Bref, elle arpente les textes à vive allure, et sort rarement de piste. C’est la partie fine du travail : ciselés, choisis, agencés, liés, les fragments courent au coude à coude, à la corde. Sortie d’un virage avec la Conjuration des imbéciles (roman écrit au début des années soixante, « version contemporaine et endommagée de Falstaff » pour la shakespearienne metteuse en scène, dont les extraits composent la trame du spectacle), entrée en trombe dans une ligne droite de Lucrèce à Nietzsche.
L'invention de la normalité. Pour accoster aux rivages du continent Folie, en longeant les récifs sans risquer les écueils, mieux vaut avoir un bon guide et connaitre les courants. Il en est un, familier de ces terres à la marge: Michel
Foucault. Il en a même fait l'histoire, montrant que le fou, qui eut longtemps un rôle et une place dans la société, s’est vu mis au ban, relégué, caché avec l’invention de la normalité… Heureusement, se prend on à penser, il y a encore le théâtre, dernier asile, où les marginaux, qui possèdent « le privilège
de la folie de ne point pouvoir s’adapter
», ont encore et leur rang et leur place.
Pour survoler cet îlot rêvé des inadaptés, Chantal Melior a apprivoisé de drôles d’oiseaux dans son Théâtre du Voyageur. Ils sont une dizaine de comédiens, résolus gaillards et remarquables fêlées, ayant pris dans la « folie » leur pied: « Tous ces hardis oiseaux qui prennent leur essor vers le lointain, le plus extrême lointain – certes, un moment viendra où ils ne pourront aller plus loin et se percheront sur un mât ou sur un misérable récif –, encore reconnaissants d’avoir ce pitoyable refuge ! Mais qui aurait droit d’en conclure que ne s’ouvre plus devant eux une immense voie libre et qu’ils ont volé aussi loin que l’on peut voler ! ». Ainsi va l’Aurore de Nietzsche (« Réflexions sur les préjugés moraux »), assumée par la meilleure des Melior et son équipe de gais déments – en première ligne, François Louis alias l'aimable-odieux Ignatius Reilly, figure de proue du spectacle, « un extraordinaire cochon, un Oliver Hardy délirant, un Don Quichotte adipeux, un saint Thomas d’Aquin pervers » échappé de la Conjuration des imbéciles. Tous font de la citation le cap du spectacle, voguant ainsi toutes voiles au vent, sous les fous auspices de Nietzsche. Cédric Enjalbert

 

LES NOMADES

 

LA COULISSE
La conjuration des sages au Théâtre du Soleil - La façon dont Chantal Melior s’y prend relève du coup de génie. Ignatius est un fou - un fou du roi - le seul qui puisse nous dire la vérité en face. Magistralement, et avec puissance, une liberté de jeu et une beauté qui ne déclineront pas au long de la pièce, Melior nous fait comprendre que nous assistons à l’entrée solennelle de Reilly dans la lignée des fous illuminés. Les liens entre ces fous se tissent grâce à des clins d’œil délicieux et inattendus ou des citations (bien) déplacées. Et pourtant l’histoire originale semble intacte et les spectateurs s’offrent un plaisir (fou) à plonger dans l’univers de Reilly. La magnifique caractérisation de François Louis parvient à transmettre toute la complexité d’un des plus grands outsiders de la littérature. Son Reilly est tendre, cynique, hypocondriaque et beau dans sa démarche de feignant, qui nous semble calquée sur celle des grands philosophes, en plus drôle, diablement drôle. Cet observateur aigu d’une société inhumaine nous démontre son absurdité, il peut bien être comique mais il n’aime pas qu’on en rigole trop, car Reilly, comme Nietzsche et Don Quichotte, en ont payé les frais. Toole aussi, cette partie de l’histoire on la connaît. Ricardo Abdallah
PHILOSOPHIE MAGAZINE
Les Nomades” à la Cartoucherie : joyeuses lignes de fuite. Chantal Melior a affrété une nef “des idiots et des fous”, au Théâtre du Soleil. Sur cette même scène, elle adapte le récit de Wilfred Thesiger, “Le Désert des déserts”, émaillé des pensées de Nietzsche et de Deleuze sur le nomade. Car, sans repos, Chantal Melior fraie son chemin dans la jungle des textes philosophiques, cherchant dans cette ascèse un oasis. « Mes pensées, dit le Voyageur, à son ombre, doivent m’indiquer où j’en suis : non pas me
révéler où je vais
», écrit Nietzche, cité dans la reprise de ce merveilleux spectacle présenté sur la petite scène du Théâtre du Soleil, sous le parrainage d’Ariane Mnouchkine : Les Nomades. Terre inexplorée
Joué en alternance avec Ignatius. Des idiots et des fous, Les Nomades. Western philosophique suit sur le récit de l’aventurier britannique Wilfred Thesiger, auteur du Désert des déserts. Ce récit de voyage est entrelardé d’extraits du Gai Savoir de Nietzsche, de L’Histoire universelle de Ibn Khaldûn mais aussi des Mille Plateaux de Deleuze. Interprété sur une large étendue de sable blanc en guise d’unique paysage par une dizaine de comédiens, Les Nomades dessinent dans cet espace vide des lignes de
fuite. Prônant le danger de l’errance plutôt que le confort, préférant l’exil à tout autre lieu, Les Nomades esquissent une ontologie du devenir plutôt que de l’être. Pris dans un « éternel retour », ce sont des voyageurs infatigables, la lunette toujours « en vue d’une terre inexplorée dont nul n’a encore délimité les frontières, d’un au-delà de toutes les terres, d’un monde d’une telle surabondance de choses belles, étranges, problématiques, effrayantes et divines… ».
Intermezzo. Nul effet de jointure dans ce tissage discret de textes tant seul l’oeil sensible et les doigts fins de Chantal Melior parviennent à les nouer subtilement. Lectrice de traverses, cherchant dans les sommes philosophiques et les classiques de la littérature les dehors de la pensée, elle a forgé une conviction que le spectacle exprime : l’essentiel est dans le trajet, la mire est dans l’exil. Et elle a fait sien cet aphorisme : « Il me faut encore vivre car il me faut encore penser. » Comment Chantal Melior a-t-elle baptisé son théâtre ? Le Théâtre du Voyageur, en hommage à ses camarades d’esprit qui font le cœur de ses créations. Deleuze, le voyageur immobile, en est. N’a-t- il pas lui-même écrit Mille Plateaux, en hommage au
plateau de Millevaches dans le Limousin, sans début ni fin, transportant sa philosophie dans un univers de cartes et de paysages, de lignes de fuite ? «Le nomade a un territoire, écrit-il. Il suit des trajets coutumiers, il va d’un point à un autre… Mais les points, les points d’eau, les points d’habitation, ne sont que pour être quittés, l’entre-deux a pris toute la consistance… La vie du nomade est un intermezzo… »
Adhésion. Au Théâtre du Voyageur, ces intermezzi se font en musique, par grands sauts et petites gambades chorégraphiés : Jean-Sébastien Bach et Henry Purcell pour la B.O. Le spectacle prend le temps, qui pourtant file, parcourant les montagnes, scrutant les étoiles, souffrant de la chaleur comme des orages, de la faim et de la soif, de l’épuisement sans jamais désarmer, préférant toujours le devenir à l’être, trouvant dans la sécheresse de l’expérience une pureté, dans le dépouillement et la nécessité la seule
beauté, se projetant dans un espace vide sans autre horizon que cette inclination de Nietzsche, confiée à la fin du Gai Savoir :
« Je veux apprendre de plus en plus à considérer la nécessité dans les choses comme le Beau en soi : — ainsi je serai l'un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ceci soit désormais mon amour ! Je ne ferai pas de guerre contre la laideur ; je n'accuserai point, je n'accuserai pas même les accusateurs. Détourner le regard : que ceci soit ma seule négation ! Et à tout prendre : je veux à partir d'un moment quelconque n'être plus autre chose que pure adhésion ! » Adhésion, c'est le mot qui flotte à l'issue de cette traversée gaie et courageuse (du courage, il en faut pour mener à bout de bras de tels projets de théâtre !) cherchant sans discontinuer la « grande santé », le Graal de Nietzsche et Deleuze, une santé à relever les abattus, à décider les plus velléitaires. À défaut d’aller la chercher dans le désert ou dans les livres, cette vigueur, commencez par vous rendre à la Cartoucherie: le Théâtre du Voyageur vous y attend avec chaleur. Il est encore temps. Vous n’en sortirez que meilleur. Cédric Enjalbert
LE MONDE
Conception d'ensemble musical, Chantal Melior s'adresse au Gai Savoir et à un récit culte de la génération des derniers routards, Le Désert des Déserts. Elle en fait Les Nomades. Passé la surprise, cette mise en perspective des deux textes sonne juste. Quelque chose finit, mais quoi ? Sur les pas de Lawrence d'Arabie, Chantal Melior restitue les parfums du désert, la dureté de vivre et aussi - Nietzsche y invite - l'assentiment gai au monde tel qu'il va. Plus qu'un spectacle réussi, un instant de vie. Francis Marmande
PARISCOPE 2007
La mise en scène de Chantal Melior est une réelle invitation à un voyage poétique. Les chorégraphies et les musiques contribuent à mettre ce spectacle hors du temps. Même le bruit du train ne parvient pas à nous extirper de ce rêve que font vivre les 7 comédiens. - Dimitri Denorme
PARISCOPE 2014
Le Théâtre du Voyageur pose ses valises jusqu’au 15 juin au Théâtre du Soleil. La compagnie y pré¬sente deux spectacles: « Les nomades » et « Igna¬tius ». Chantal Melior, qui en signe les textes et la mise en scène, est allée chercher inspiration du côté des oeuvres de Thesiger, Nietzsche, Deleuze, Cer¬vantes, Dostoïevski et Lucrèce. Son truc à elle, c’est de croiser les discours et les pensées des auteurs pour nous livrer des spectacles composites. Le pre¬mier, un western philosophique, nous entraîne sur la terre des sans-patrie. Des hommes et des femmes, des Bédouins fiers de leur condition et revendiquant par-dessus tout leur seule richesse : leur liberté. On se souvient avoir découvert ce spectacle en 2007. C’était il y a longtemps, mais la poésie qui s’en dégage nous est restée collée au cœur. « Igna¬tius », lui, nous mène à la Nouvelle-Orléans dans les années 1960. Ignatius, homme inactuel, abhorre son époque et tous les archétypes de l’Amérique contemporaine. Auteur martyr, il consacre ses jour¬nées à noircir des pages de sa vision du monde. Un jour, il est pourtant contraint de chercher un emploi. La confrontation avec la réalité se révélera brutale et sa tentative de rendre la société conforme à ses écrits lui réservera quelques surprises. Les deux spectacles sont présentés en alternance dans la salle de répétition. Dimitri Denorme
TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN
Des acteurs remarquables, une mise en scène remarquablement inventive qui rassemble là des textes éblouissants. Des textes pour une longue marche dans nos vies, des aphorismes pour nos perplexités. Dans le train du retour, Nietzsche murmure encore : Et maintenant pour avoir été longtemps en route, maintenant, il nous semble qu'à titre de récompense, nous soyons en vue d'une terre inexplorée… - Michel Sauquet
20 MINUTES
… Et le confort matériel semble bien dérisoire. - Emmanuelle Dreyfus
LE THEATRE DU BLOG
Chantal Melior a trouvé un havre depuis le 30 avril dans la salle de répétitions du Théâtre du Soleil, où elle jouait deux spectacles en alternance Ignatius, des idiots et des fous d’après La conjuration des imbéciles et Les nomades, réjouissant western philosophique…. Avec de belles montées chorégraphiques et musicales, on se régale du chœur du peuple du froid de Purcell. Ces Nomades sont un délice inattendu. Edith Rappoport
RADIO / FRANCE INTER / José Artur
RADIO MONTE CARLO DOUALIYA


 

DES IDIOTS ET DES FOUS

 

LES TROIS COUPS
Le Théâtre du Voyageur évite les sentiers balisés, c’est sa méthode de traverse. Chantal Melior, son capitaine, monte aujourd’hui un audacieux spectacle composite, puisé chez Dostoïevski, Érasme, Nietzsche, orchestré par une troupe à l’unisson. Là où quiconque se serait perdu, elle, grande juchée sur les épaules des géants, garde le cap... gravit les montagnes, plonge en profondeur. Bref, elle arpente les textes à vive allure, et sort rarement de piste. - Cédric Enjalbert
VALLÉE CULTURE
La pièce, figure libre, transgressant tous les codes de la dramaturgie classique, explore le foisonnant champ des possibles. Farce tragique, politiquement incorrecte, elle expose dans l’entrecroisement des tableaux, par delà le Bien et le Mal, la beauté de la marginalité et l’incompréhension radicale à laquelle nécessairement se heurte le fait de se tenir à la marge. –
Marie-Emmanuelle Galfré


 

COMME IL VOUS PLAIRA

 

LES TROIS COUPS
Comme ils vous plairont !

Chantal Melior monte Comme il vous plaira avec allégresse, use à l’envi du langage des corps. Ainsi, entre deux improvisations jazzy, une course-poursuite dans les bois, s’insinue une tirade de Jacques, tenue par l’extraordinaire François Louis... Ce qu’on a vu, nous ? Un regard pétillant, un rythme endiablé qui déride, des comédiens détonnants dans un Comme il vous plaira jouissif. Suivez-les, car ils le reprendront, et voyez comme ils vous plairont ! - Cédric Enjalbert


 

LE VENTRE DE SHAKESPEARE

 
20 MINUTES
Ce diptyque évoque la splendeur et la décadence du seigneur Falstaff, personnage tragi-comique dont la mégalomanie n’a d’égale que son imposant tour de taille.
LES TROIS COUPS
Shakespeare est là. Il plane au-dessus de nous comme un fantôme ami, donnant son consentement paternel, voire prêtant un peu de son génie à ce très fou et très beau spectacle .Qui est Sir John Falstaff ? Selon le Théâtre du Voyageur, il est l’oscillation permanente, l’ambiguïté souveraine, le personnage qui, malgré tout, échappeau jugement de la morale. Parce qu’il incarne l’amour du monde terrestre, de la vie au sens le plus incarné, on l’exempte de la couardise qui tout à l’heure nous faisait bondir. Parce que le reniement du prince au moment de son couronnement le blesse réellement, on ne lui tient pas rigueur des petites trahisons à l’encontre de sonroyal ami. Le spectacle qui retrace sa vie est le résultat d’un savant montage entre trois pièces de Shakespeare : Henry IV, les Joyeuses Commères de Windsor et Henry V. Une fois de plus, on est saisi par la beauté et l’esprit de la langue du dramaturge anglais, qui pétille avec la joie raffinée d’un bon champagne. « Je suis pauvre comme Job, mais je suis moins patient que lui ! »… Non seulement la littérature explose, mais la peinture, la musique, la danse, les costumes et les maquillages participent de ce grand magma émotionnel. Les décors, brossés en travers d’énormes toiles suspendues, sont des ciels aux visages singuliers. La touche est vibrante, le monde est affaire de toucher. Lise Facchin
VALLÉE CULTURE
Avec Falstaff, le verbe de l’auteur élisabéthain se fait chair et pèse de tout son poids. Il faut saluer la performance des comédiens du Théâtre du Voyageur. Un vrai régal. - Marie-Emmanuelle Galfré
LES TROIS COUPS
Les Pieds nickelés de la Renaissance : comme c’est en deux parties, il faut y aller deux soirs de suite ou voir les deux le dimanche en intégrale, dans une ambiance chaleureuse qui n’est pas sans rappeler celle de la Cartoucherie. On peut aussi ne voir qu’une seule partie, mais c’est dommage. Les deux sont bonnes et subtilement complémentaires. Olivier Pansieri


 

FAUST

 

LIBÉRATION
Le spectacle imaginé par Patrick Melior assume joyeusement sa simplicité. On ne saurait trop conseiller de réserver au Théâtre Granit de Belfort où la mise en scène de Goethe-Faust est à l’affiche après avoir été créée au Nouveau Théâtre de Besançon. Un formidable Méphistophélès incarné par une femme (Chantal Melior), un grand cabaret expressionniste où l’on rit et frissonne, un bel appétit sans arrière-pensées. - René Solis


 

LE MAITRE ET MARGUERITE

 
LE PARISIEN
Il faut tout le talent du Théâtre du Voyageur pour ramasser en trois heures qui passent comme un rêve ce roman fantastique russe. Un spectacle jubilatoire et ensorcelant ! - Sandrine Martinez
TÉLÉRAMA
Boulgakov fait partie de ces auteurs qui ont su franchir avec souplesse les frontières de l'invraisemblable… Si on peut reprocher à cette nouvelle mouture d'être un brin longuette, on ne peut que se laisser séduire par ses innombrables trouvailles visuelles et le dynamisme de ses interprètes. Joshka Schidlow
PARIJSKI KURIER
Il n'existe probablement pas d'œuvre plus complexe, plus mystique, plus difficile à mettre en scène que Le Maître et Marguerite de Boulgakov. Le Théâtre du Voyageur montre que c'est possible. - Vladimir Novgoski
FRANCE INTER / José Artur

 

POUR QUI VEUT VOIR

 
LE JOURNAL DE L’ILE DE LA RÉUNION
Une matière riche mais pas forcément aisée à transmettre en oralité ni à mettre en scène. Avec l’aide de comédiens savoureusement impliqués comme Ariane Lacquement, François Louis et Sandrine Baumajs, Chantal Melior a collecté les propos les plus pertinents pour le cadre de l’installation du moment, et les a emballés avec la pointe de fantaisie qui sied pour les servir avec le juste ton, ce ton qui fait vibrer exactement les cordes de l’imaginaire, plus ou moins tendues chez les individus suivant leur vécu et l’œuvre opérée par les ans sur leur esprit.
L’écho du témoignage rendu en 1854 par le grand chef indien devant l’assemblée des tribus, à Seattle est l’un des moments les plus émouvants. Un rôle qu’incarne ici Ariane Lacquement dans un costume somptueux d’ingéniosité, avec une quasi immobilité figurant la sagesse. Une leçon magistrale, un travail exemplaire….- Marine Dusigne

 

KING LEAR

 

NEUE ZURCHER ZEITUNG / NZZ
La représentation du Théâtre du Voyageur de la tragédie de Shakespeare est pleine de fougue et de suspens... La mise en scène de Chantal Melior donne aux personnages l'espace nécessaire pour exprimer les émotions, on chahute, on gémit, on crie à tue-tête... Mais il reste encore assez de place pour des moments de douceur, quand Cordelia chante ou quand Lear, émouvant avec ses gestes presque enfantins, de plus en plus près de la folie, quitte sa robe de velours et trébuche en chemise dans les bras de Kent... Quand Ariane Lacquement, dans son rôle de l'honnête Edgar, en costume déchiré, comme un animal blessé, jette des coups d'oeil timides dans le public, on croit toucher à la détresse du monde...- Barbara Bleisch

SÜDKURIER
Les héros meurent en beauté au-dessus des toits de Baden. Les comédiens sont très expressifs et jouent avec force en s'appropriant l'immense espace. Le comique du Fou est aussi un plaisir pour les yeux. La partie musicale est magnifique, chantée et accompagnée au piano par Carol Lipkind, qui joue également le rôle de Cordelia…- Rosemarie Tillessen


 

SHAKESPEARE GALLERY

 

 
LE NOUVEL OBSERVATEUR
Cette farce musicale excelle dans le jeu des masques et du verbe. Un voyage très amusant au coeur du paysage neuronal. – Ruth Valentini
LE POINT
Le Théâtre du Voyageur, mi japonisant, mi commedia dell'arte, détourne avec humour et agilité les plus beaux textes de Shakespeare pour un cours d'anatomie pas du tout soporifique. – Marie Audran
LE FIGARO
Le Théâtre du Voyageur nous offre 1 h 30 de culture et de rires. Les personnages nous entraînent sur les chemins d'un savoir non rébarbatif. M. Jarrosson
R.T.L.
C'est une pièce délirante qui mêle les textes du maître anglais aux théories scientifiques.- Marie Audran
PARIS PREMIERE - Rive Droite, Rive Gauche – Thierry Ardisson
Un mariage très inattendu entre la science et le théâtre, une rencontre, à un niveau très élevé. Je conseille à ceux qui s'interrogent sur les mécanismes du cerveau, et qui en même temps s'intéressent au théâtre d’aller voir ce spectacle original, inventé par une fille vraiment maligne, astucieuse, qui s'appelle Chantal Melior. - Philippe Tesson

THEATRE MAGAZINE
On pensait l'étude du cerveau complexe - et elle l'est ! - donc mortellement ennuyeuse. Et pourtant, on se prend au jeu, loin d'une démonstration fastidieuse sur les ressorts du corps et de l'esprit. Chantant, dansant, riant, les comédiens donnent à l'exercice une subtile légèreté. - Anne Quentin
RFI / Suivez mon regard
Dans un délire savamment, joyeusement orchestré, le Théâtre du Voyageur joue les prolongations de l'exposition Mille cerveaux, mille mondes... Chantal Melior, metteur en scène et Stéphane Hergueta, biologiste et commissaire scientifique, nous font suivre les méandres des cerveaux entre les fous, les rois et les animaux...- Kathrin Rousseau
CASSANDRE
Aussi la magie théâtrale peut-elle, sur fond de farce, repousser les cloisonnements et multiplier les passerelles entre les domaines longtemps séparés par deux siècles de pratiques universitaires qui favorisent une spécialisation autiste... – Gilles Bastogy

 

ROMEO ET JULIETTE

 
RFI / Magazine du spectacle / Suivez mon regard
Le public est assis des deux côtés d'une piste où déferlent les comédiens avec une fougue contagieuse et une poésie émouvante, accompagnée de quelques airs de jazz... Pourtant joué et rejoué, rarement ce drame n'a dégagé tant de fraîcheur et de sentiment de découverte. Pour sa mise en scène, Chantal Melior, n'a pas eu besoin d'artifices particuliers... Ariane Lacquement, danseuse et comédienne, donne à Juliette des airs de grâce et de charme tendre... - Kathrin Rousseau

 

PARADE NUPTIALE

 

 
L'HUMANITÉ
Le Sexe et la Mort, c'est le titre choc d'un ouvrage fulgurant de l'humaniste passionné qu'est le grand scientifique antiraciste, le Professeur Jacques Ruffié. Ce texte vibrant, accordé en relecture croisée avec des extraits de la Tentation de Saint-Antoine, énigmatique poème en prose de Gustave Flaubert, a inspiré à Chantal Melior le pari audacieux d'une transcription scénique, dont la première offrande publique est pleinement à sa place dans la Grande Galerie de L'Evolution du Muséum National d'Histoire Naturelle... Cette Parade nuptiale est toute en jeux, sans aucune allusion vulgairement figurée... Roger Maria
LA TRIBUNE
Peut-on rêver de meilleur endroit que la Grande Galerie de l’Evolution dans le M.N.H.N pour parler de naissance et de mort, de sexes et de désirs ? Filles et garçons du Théâtre du Voyageur courent, sautent, dansent, jouent de la musique et racontent la vie comme elle se fait et se défait. Plaisant et frais. Gilles Costaz
LE JOURNAL DU DIMANCHE
Une mise en scène originale à la fantaisie joyeuse. Les girafes de la Galerie de l'Evolution semblent à l'écoute de ce spectacle gai, mêlant théâtre, musique et chorégraphie, dans la dynamique de la vie. Annie Chénieux
CHARLIE HEBDO
L'idée est non seulement originale, elle est surprenante : mettre en scène des extraits de ..., le tout sur des mélodies de Fauré. Un cours de sexologie chorégraphié... Plus instructif qu'un porno et moins embrouillé qu'une partouze, Parade nuptiale ne vous mettra peut-être pas dans un état d'excitation avancée, mais il vous fera à coup sûr bander les neurones. En dépit d'une ou deux petites longueurs, Chantal Melior mène à son terme cette expérience inédite de science amusante, avec beaucoup d'humour et de fantaisie. Gérard Biard
FIGAROSCOPE
Le Muséum d’Histoire Naturelle a la très bonne idée d’accueillir du théâtre dans sa grande salle de la Galerie de l’Evolution. L’heureuse élue est Chantal Melior, dont le parcours de comédienne et de metteur en scène est assez exemplaire : cette jeune femme sacrifie tout pour le théâtre. Entourée d’une troupe de passionnés elle organise des spectacles différents que l’on peut aimer ou détester mais qui ne laissent pas indifférents. Je me souviens ainsi d’un Karl Valentin, Valentin Orchestra, qui m’avait sans doute agacé mais dont certaines images sont restées très fortes dans mon souvenir…L’énergie des comédiens était impressionnante. Cette Parade nuptiale semble être de la même veine… Il est impossible de parler d’un spectacle qu’on n’a pas encore vu mais on peut croire Chantal Melior quand elle nous promet un hymne à la vie. Jean-Luc Jeener


 

VALENTIN ORCHESTRA

 
LE MONDE
Un orchestre qui répète a forcément des airs de communauté spéciale, bizarre et dérangée. Il suffit de savoir forcer la note. Le travail de Chantal Melior, à partir de textes de Karl Valentin, est une merveille. Un tempo vif, beaucoup d'exactitude, des drôleries et du pathos. Les musiciens, corps de femmes parfois dans des rôles d'hommes, clowns, mutants, sont à la fois inquiétants, étranges et déglingués. Martine Brossard, dans le rôle du chef, et Carol Lipkind, dans celui de la pianiste, sont vraiment exceptionnelles. Le contre-chant est donné par une figure ironique, celle du cornettiste narquois et assez méchant : Antoine Meunier-Gachkel. Les moments musicaux sont réglés comme une horloge helvète, le dérèglement comme un inconscient suisse. Bref, c'est de la belle ouvrage, enlevée, comique et touchante, qui porte la langue juste au-delà d'elle-même. Francis Marmande
France INFO / Quelle époque épique
Entre humour et désespoir, c’est toute l’absurdité de la vie et le destin dérisoire des hommes. Délicieux et désopilant - Yolaine de la Bigne
CANAL + /Journal du Art / Jean Teulé
A ne pas manquer - Richard Poisson
PARIS PREMIERE / Premières Loges
…et un petit chef d'œuvre pour nous. David Combes
L'AVANT SCENE
Le public rit beaucoup et en parfaite harmonie. Marie-Thérèse Xynos
FRANCE 2
Si vous allez les voir, en sortant, vous serez étonnés de voir le monde, le vrai, plus fou… Evelyne Goldman
IMPACT- QUOTIDIEN DU MEDECIN
Habile et sincère, Chantal Melior rend au texte de Karl Valentin sa dimension burlesque. Il en reste une pièce ludique et véhémente, où le rire l'emporte sur le réalisme politique. Thierry Voisin
RADIO NOVA
Chantal Melior a tout pigé. Tout s’imbrique à plaisir. Dans un joyeux délire, la mise en scène n’arrête pas de nous prendre à contrepied et à rebrousse-poil… Patrick Sourd
LE FIGARO
Ces petites âmes sont émouvantes et belles. Caroline Jurgenson
L'ÉVENEMENT DU JEUDI
Douze comédiens (dont Martine Brossard) remarquables empruntent à Kantor et à Keaton leurs masques expressionnistes pour déjouer les affres dérisoires de la condition humaine. Un régal.
REGARDS
C'est grinçant, burlesque, tragique, absurde, drôle, terriblement drôle. Les acteurs semblent en état de grâce. La mise en scène de Chantal Melior est d'une formidable vitalité. Un bien bel hommage à l'auteur allemand Karl Valentin.
PARCOURS – AIR INTER
Quel bastringue ! Marie Borderel
LE JOURNAL DU DIMANCHE
Un collage subtil. La mise en scène mêle avec bonheur cabaret berlinois et commedia dell arte. A dévouvrir. Paule Gonzalès
RADIO / Radio Libertaire – Thomas Hahn / France Culture – F.Raymond, J. Lebrun / France Inter - José Artur / Radio Bleue - Christine Authier / France Musique – François Castang, H ; Pierrakos, S.Haïk / RFI – Jérôme Yager /
Fréquence Protestante – Gaëlle About / Europe 1 – Paule Couderc / Europe 1 - coup de cœur de Maryse Gildas / Radio Nova – Patrick Sourd / Europe 1 – Christian Barbier et Caroline Jurgenson
TELEVISION / France 2 – Journal de la Nuit – Evelyne Goldman, G. d’Hauterive / Paris Première – Premières Loges / Canal + -
Serveurs minitel 3615 Œdipe – J-Dellacqua / 3615 Paris – Frédéric Aïm
Autres articles / ROUGE – Alexis Violet / LE PARISIEN – Agnès Dalbard – Sylvie Metzelard / VSD – Florence Halimi / PARIS BOUM BOUM – Caroline Fabre / FIGAROSCOPE – Caroline Jurgenson – Jean-Luc Jeener / AFP - Didier Saltron

 

IL FAUT Q'UNE PORTE SOIT OUVERTE OU FERMEE

 
CHARLIE HEBDO
Seize acteurs et actrices pour un dialogue amoureux signé Alfred de Musset, ou comment draguer une marquise sur tous les tons : tendre, passionné, léger, hystérique, sensuel, détaché, comique, timide...
A mi-chemin entre l'exercice de style et l'opéra en prose, ce spectacle étonne constamment, en grande partie grâce à une mise en scène pleine de trouvailles. Chapeau à Chantal Melior ! Gérard Biard
LE QUOTIDIEN DE PARIS
Chantal Melior n'enfonce pas des portes ouvertes. A partir de la charmante comédie - proverbe de Musset, elle crée un spectacle hétéroclite, tressant audacieusement chant et clowneries. Stéphanie Tesson
LE PARISIEN
Le Théâtre du Voyageur mené par Chantal Melior réussit à rendre toute la subtilité de Musset grâce à une mise en scène particulièrement enlevée .../...Tout s'enchaîne formidablement avec, aussi, pour la bonne bouche, quelques notes de piano et de violon. Sylvie Metzelard
RADIO / FRANCE INTER - José Artur
RADIO BLEUE - Christine Authier.
TELEVISION / France 2 - Laurent Ribadeau-Dumas