CYCLE SHAKESPEARE / 1

du 12 au 30 octobre 2011 du mercredi au samedi à 20h30,
dimanche à 17h



mise en scène François Louis

lumières Michel Chauvot - costumes Sandrine Baumajs - avec Sandrine Baumajs, Marie Cavalier-Bazan, Marc Dumontier, César Forget, Arnaud Gendrel, Jean-Baptiste Louis, Grégoire Lopoukhine, Mathieu Mottet, Tom Sandrin.

dossier de presse : dossier-de-presse-hamlet.pdf

Présentation

Cette tragédie est la plus connue de Shakespeare et celle qui, par sa richesse et sa complexité, occupe une place centrale dans l'ensemble de son oeuvre. C’est une tragédie politique, un drame philosophique, une pièce de théâtre et uneréflexion du théâtre sur lui-même. C’est la plus étrange des pièces que l’on ait jamais écrites. Les incidents en sont violents, certes, et il y a tant de morts à la fin que la scène est jonchée de cadavres. Cependant le drame le plus intense est celui qui se joue dans l’âme d’Hamlet.

Toute la tragédie d’Hamlet réside dans son isolement. Et le fond de cet isolement, c’est la cour, monde de faux semblants. … Et dans ce monde d’apparences, il ne doit plus y avoir d’individualités différenciées comme dans une pièce réaliste. … Je désire qu’entre Hamlet et le reste du monde il n’y ait pas un seul point d’accord, pas le moindre espoir de réconciliation. (Gordon Craig)

Hamlet est un fou - un acteur. Seul au milieu de masques qui l'épient, comme un christ de Bosch, il use, pourrait-on dire, de dialogues expérimentaux. Ses traits fusent.

Le Roi - Voyons, Hamlet, où est Polonius ?
Hamlet - A souper.
Le Roi - A souper ! Où donc ?
Hamlet - Non pas là où il mange, mais là où il est mangé
(
acte IV - scène 3)

A propos de mise en scène

Dans Hamlet, tout est dit et écrit : tout est déjà là. Du même coup, tout reste encore à jouer. Une fois la chose acquise, il convient de mettre à l’écart toute tentative d’interprétation, c’est à dire toute version détournée ou personnelle pour se vouer au texte pur, à ses problématiques, à sa dimension philosophique. Or, nous pourrions dire que d’une certaine manière, Hamlet, c’est la mise en espace sensible et incarnée de la pensée (en tout cas d’au moins une pensée — la sienne propre) et son effectuation dans le temps. Plus simplement, un corps — une pensée — une scène.Cette même pensée qui se fraye un chemin dans les méandres du pouvoir, qui se confronte au réel, qui se glisse entre les murs, qui se mêle au présent et ainsi se meut en folie, cette pensée, en fin de compte, se libère. La vie s’intensifie,la mort rôde, mais qu’importe, la ligne est toute tracée… Incipit tragedia.

Hamlet - Oh ! si cette trop trop solide chair pouvait se fondre, se liquéfier et se résoudre en rosée.
(Acte I - scène 2)



CYCLE SHAKESPEARE / 2

du 23 novembre au 4 décembre 2011 du mercredi au samedi à 20h30,
dimanche à 17h

Comme il vous plaira

mise en scène Chantal Melior

lumières Michel Chauvot - avec Joanne Allan, Sandrine Baumajs, Véronique Blasek, Ariane Lacquement, Carol Lipkind, François Louis, Mathieu Mottet, Siva Nagapattinam-Kasi, Florian Pellissier, Tom Sandrin.



PRESENTATION & NOTE DE MISE EN SCENE

Et ainsi, d'heure en heure, on mûrit, on mûrit, et ainsi, d'heure en heure, on pourrit, on
pourrit !

Pour échapper à un monde brutal où l’atmosphère est oppressante, l’unique salut est dans la fuite. A n’importe quel prix et le plus vite possible, les personnages de cette comédie frissonnante de désirs et de fêtes s’enfuient dans la forêt.
Etrange est cette forêt à la fois imaginaire et réaliste où poussent oliviers et palmiers, repaire moussu de cerfs et de lions, de bergers, de duchesses, écologistes peut-être, hippies - en herbe. Lieu de conversion et lieu de résistance, parfois aussi domaine foncier où l’on peut acquérir contre argent comptant un chalet et des moutons, ce green world opposé à la vie de cour est le royaume de la liberté où le contact revivifiant avec la nature permet aux individus de s’affranchir des contraintes ou des injustices, de s’accomplir, de s’aimer et de réinventer l’amour. Chacun se reconnaîtra dans cette forêt shakespearienne, multiple, qui prend la forme de celui qui la traverse, la rêve, la crée.
La forêt d’Ardennes (et non pas d’Eden) est une forêt de forêts, un entre-deux échappant aux contraintes du calendrier où se rassemblent passé, présent, futur, pour vivre la grâce de l’instant. La vie devient plus intense dans une profusion de formes allègrement « artificielles » : scènes pathétiques et lyriques procèdent de la logique du rêve ; plans, personnages et temps y sont mélangés ; parodie et poésie également. En outre le rire – de fête – plaisir partagé dans l’instant prend l’allure d’un déverrouillage des esprits et des langues. Les mots se mettent à bouillonner, le langage en état d’ivresse se met à bégayer et à se déployer dans des directions inattendues mais la raison veille pour faire sa proie de ces significations nouvelles produites sans effort apparent. Ces jaillissements de l’esprit mènent à des prises de conscience, car la forêt d’Ardennes n’est pas un lieu étranger aux soucis ordinaires de la vie mais un milieu réel où se passent les évènements les plus importants pour le sens de la vie sur terre et pour le bonheur des hommes.

Mais le temps s’est en quelque sorte relâché, on a pas besoin de penser à demain, on est libre d’exister dans un maintenant ouvert à toute éventualité. L’allègre s’infiltre peu à peu dans cette atmosphère de détente, dans cet état d’esprit qui accueille avec plaisir le hasard. Les jours passent sans que l’on pense les compter, les personnages se rencontrent, comme ça, au détour d’un chemin, ou bien ils se cachent les uns des autres pour surprendre des tête-à-tête et des soliloques ; la pièce avance sans avancer et nous entrons à notre tour dans ce monde où rien ne presse .
Les formes de ce monde théâtral conçu « comme il vous plaît », sont structurées et aussi éloignées que possible du naturel : enchevêtrement très moderne de mythologie, de folie, de travestissement… Les frontières entre l’illusion et la réalité, entre l’objet et son reflet, s’estompent peu à peu. Toute explication paraîtrait vaine et viendrait par sa pesanteur gâcher cette improvisation. Ici chaque geste, chaque mot devient d’autant plus possible et juste qu’il peut être aussi musique et philosophie.
Il semble que Shakespeare qui puisait à toutes les sources puisse aussi assimiler celles qui le suivent de loin ; et si Jacques se donne des allures de beatnik, les coups de foudre sont mozartiens et Amiens le musicien improvise comme un jazzman.

C’est surtout parce que le théâtre de Shakespeare a su capter le sens de la fête en lui conservant la multiplicité déroutante de ses visages qu’il continue de mobiliser les foules et d’étonner par-delà les modes et les systèmes.



CYCLE SHAKESPEARE / 3

LES DEUX GENTILSHOMMES DE VERONE

Les 1er, 3, 7, 9, 11, 15, 17, 21, 23, 25, 29, 31 mars et les 4, 6, 8 avril 2012

du mercredi au samedi à 20h30,
le dimanche à 17h.
Intégrale Les Deux Gentilshommes de Vérone et Tout est bien qui finit bien le 8 avril à 17h .

mise en scène Chantal Melior

lumières Michel Chauvot - avec Joanne Allan, Sandrine Baumajs, Véronique Blasek, Sophie Bonnet, Ariane Lacquement, Siva Nagapattinam-Kasi, Lilas Nagoya, Tom Sandrin.


O monde instable et glissant !

L'une des premières comédies de Shakespeare, probablement la toute première, est regardée comme une esquisse pour les oeuvres "majeures" qui suivront. Les Deux Gentilshommes de Vérone est donc une pièce expérimentale consacrée à l'adolescence, à ses élans et à ses tourments.

C'est la jeunesse en quête d'identité qui entre en scène avec ses métamorphoses, ses mues, ses faux-semblants, ses déceptions, ses idéalisations, ses continuelles transformations physiques et morales.

Toute relation est un jeu de miroir, toute relation est absolument théâtrale. Les amitiés servent à bâtir une personnalité ; chacun se mire en l'autre ; on se forge ainsi un idéal en vogue auprès de soi-même, homologué par ses amis.

A propos d'amitié, d'amour, de jeunesse, Shakespeare jette un éclairage qui n'est jamais réducteur.

Valentin et Protée ne peuvent être amis qu'en partageant les mêmes désirs, et, s'ils le font, alors ils deviennent ennemis.

Ici, l'acteur est roi. Le travail d'interprétation doit allier une énergie dyonisiaque à un sens aigu du détail.

Et lorsque l'intrigue semble trop conventionnelle, elle dirige les acteurs vers plus d'initiative et de liberté, vers de nouvelles explorations. Pour ce «chantier » donc, il est intéressant de ne pas s'attacher à un modèle, de combiner des éléments a priori très disparates tout en donnant le sentiment d'une continuité : de l'opéra chinois à la musique baroque et de la musique baroque au néoréalisme.



CYCLE SHAKESPEARE / 4

TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN

Les 29 février et les 2, 4, 8, 10, 14, 16, 18, 22, 24, 28, 30 mars et les 1er, 5, 7, 8 avril 2012

du mercredi au samedi à 20h30,
le dimanche à 17h.

Intégrale Les Deux Gentilshommes de Vérone et Tout est bien qui finit bien le 8 avril à 17h .

Mise en scène Chantal Melior

lumières Michel Chauvot - avec Joanne Allan, Sandrine Baumajs, Véronique Blasek, Sophie Bonnet, Ariane Lacquement, François Louis, Mathieu Mottet, Siva Nagapattinam-Kasi, Lilas Nagoya, Tom Sandrin.


La trame de nos vies est tissée d'un fil mêlé, bien et mal tout ensemble.

Parmi les « problem plays », Tout est bien qui finit bien, cette pièce équivoque dès le titre, au propos insaisisissable, est réputée inclassable. C'est par sa structure et dans l'alternance fréquente de scènes où ne sont présentes que les femmes et de scènes masculines qu'il faut chercher le sens et la portée de ce texte librement inspiré du Décameron de Boccace. A l'arrière plan de cette comédie mêlant les plus grotesques bouffonneries à l'humour le plus fin, se recomposent des pratiques festives, les Jeux de Hocktide, qui se déroulaient à la sortie du Carême, dans le sillage de la Fête de Pâques, et mettaient en scène la lutte des sexes.

Les personnages de cette drôle de parade arborent tous les attributs de la virilité martiale ou de la féminité conquérante et les questions politiques sont soumises à cette rivalité première qui passe avant tout autre clivage.

Mais, cette fois, face à la solidarité masculine, ce sont les personnages féminins, liés à la régénération, qui assurent la sauvegarde d'un monde mis en péril par l'orgueil des hommes.A ce premier déchiffrage, se superposent, comme dans toutes les comédies de Shakespeare, mais ici de manière tout à fait singulière, de multiples reflets : les frontières sont constamment franchies entre la réalité et l'illusion, entre le sommeil et le réveil, entre le dehors et le dedans, entre la vie et l'art.